lundi 24 mars 2008

Le déni

Enfin.

Des excuses très longues et accompagnés de pirouettes aux lectrices (et lecteurs) qui se demandaient si quelque chose d'horrible nous empêchait d'écrire. Nous revoici donc après un petit périple à l'extérieur du pays. On est revenu sains et saufs. Et parce qu'on s'ennuyait trop de cet hiver de con qui n'en finit plus au Québec. Non mais, puisqu'on a la chance de vivre quelque chose d'historique...

Aussi, je suis en déni. (Ma blonde le sait, on ne s'inquiète pas.)

Pour ceux qui viennent de se joindre à nous, je vous explique. Après plus de deux ans d'efforts inutiles côté procréation, ma blonde et moi vivons quelque chose de majeur. On avait des embryons congelés. On les a fait transférer. Et boum: elle a des symptômes assez violents comme des nausées, une sensibilité extrême aux odeurs, des appétits variables, des coups de fatigue soudains. Nous sommes allés à la Clinique pour une échographie la semaine dernière. Pas un, mais DEUX coeurs qui battent. On voit tout ça à l'écran. J'étais ému, c'est le moins qu'on puisse dire.

Pour des êtres humains normalement constitués -- c'est à dire un groupe de gens dont je ne fais probablement pas partie --, ces choses seraient plus que suffisantes pour conduire à une conclusion simple, évidente et claire: elle est enceinte.

Mais voyez-vous, mon cerveau -- un cerveau de gars, on s'entend, donc limité dans ses capacités d'abstraction -- ne fonctionne pas comme ça. Je fonctionne un peu sous l'ancien régime. J'ai besoin d'un ventre. Un gros ventre qui gonfle. Ce qui n'est pas le cas pour l'instant.

"Je comprends pas. Pourtant, t'as vu toutes les étapes, et là, tu me vois dans mon état. Je penserais pas que tu serais comme ça", viens de me dire ma blonde au moment de se faire border. Elle est exténuée. Et puisque je voulais faire une entrée sur le blogue, me voici.

Étrangement, j'ai déjà vécu une forme de déni mais c'était au DÉBUT de toute cette histoire, au moment du diagnostic. Le choc était si gros que la trame narrative des semaines qui filent avait soudainement quelque chose d'irréel. Comme un coup de poing au ventre qui nous fait perdre la notion du temps et du concret.

Mais pas de doute, des symptômes, il y en a. Les désirs de bouffe qui changent d'une demi-heure à l'autre, par exemple. Difficile à suivre, surtout quand on prépare quelque chose de précis pour le souper. Je m'ajuste en conséquence.

Hier soir, mon beau-père a profité d'un mini-moment seul avec moi dans la cuisine pour me glisser un conseil. C'était à la blague, bien sûr, mais impossible de penser qu'il n'y avait pas aussi une tranche de sérieux. "À partir de maintenant et pendant sept mois", m'a-t-il dit, "tu dis toujours oui".

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Il y aura une entrée ce soir...

samedi 8 mars 2008

De retour après cette pause

La vie étant ce qu'elle est -- une course à obstacles saupoudrée de tempêtes de neige et un peu beaucoup de travail --, il a été difficile d'écrire au cours des derniers jours, et je m'en excuse. Non mais, vous entretenir pendant quelques mois sur mes petits états d'âme masculins puis disparaître du jour au lendemain, pff, ça prend du culot hein? Non mais y s'prend pour qui???

Alors voici. Tout semble indiquer, selon une récente visite à la Clinique, qu'il y en a deux. Ma blonde a des symptômes assez puissants, merci. On n'arrête pas de se dire qu'il est encore très tôt dans le processus, qu'il faut toucher du bois, etc. Nous lisons tous, tous, tous vos commentaires avec attention et ça nous fait chaud au coeur. Nous vous souhaitons aussi que ça fonctionne.

Au risque de soulever l'indignation générale, je vous indique cependant qu'il me sera impossible de bloguer au cours des prochains jours car on ne sera pas à la maison. On se parle au retour et on redémarre le blogue...

samedi 1 mars 2008

Verdict préliminaire

Nous voici à la croisée des chemins, en quelque sorte.

Dit simplement: la prise de sang montre un beta hcg élevé. Ce qui, en termes faciles à comprendre pour des gens comme moi, signifie que les DEUX embryons congelés ont possiblement décidé de s'implanter. Choc.

"Dis leur donc que je suis contente et affolée en même temps", me dit ma blonde à l'instant. À Montréal, il est 23h18. Depuis hier, elle est très, très nerveuse. En fait, on a ici une situation de montagnes russes: une minute tout va bien dans sa tête, la minute suivante c'est le bordel. Elle vit exactement ce qu'elle a lu sur d'autres blogues, à savoir qu'un résultat positif n'amène pas nécessairement une effusion de joie.

Parce qu'au fond, il faut savoir deux choses.

1-À l'automne, la première FIV avait fonctionné "à moitié". Un test pipi s'était révélé positif. Un deuxième test pipi était déjà plus pâle. Et à la prise de sang, le hcg était carrément anémique. L'embryon avait tenté de s'implanter, en vain.

2-Un test sanguin positif ne signifie pas qu'il faut sortir le Champagne et le cidre désalcoolisé. Il y a encore beaucoup de chemin à faire et rien n'est assuré. (Touchons du bois.)

Combien de fois a-t-on reçu un courriel avec, en fichier joint, l'image d'une échographie à 12 semaines. On vous annonce que "HEILLE TOUT LE MONDE, VOICI NOTRE PROGÉNITURE!!!!111!!" Quand ça se passe naturellement, c'est si facile, si simple. Ils ont commencé à se fréquenter. Un café ici, un cinéma là. Et un jour, POUF! Enceinte. Trois mois plus tard, vous recevez le courriel.

Non, quand on est infertile, ça ne se passe pas comme ça. L'insoutenable légèreté de l'être n'est pas. Pour vous dire, et je me sens presque mal d'écrire ça, on trouve le moyen de douter encore jusqu'à l'échographie, prévue dans deux semaines.

Une chose est sûre, comme dit ma blonde. Et c'est d'ailleurs ce qu'on doit retenir: les transferts d'embryons congelés, ça peut fonctionner.

On se croise encore les doigts, et merci pour les petits mots doux que vous avez laissés au fil des jours...