jeudi 28 février 2008

L'attente

Pour ceux et celles qui veulent savoir si la "mayonnaise a pogné", comme on dit, je n'ai rien à annoncer pour l'instant. On n'a pas encore subi le test sanguin. Ne vous inquiétez pas, aussitôt qu'il y aura quelque chose...

Remarquez, il n'est pas exclu que je vienne écrire même si on n'a pas encore les résultats. Au sujet de l'attente, par exemple.

samedi 23 février 2008

Les symptômes

C'est un de ces mystères de la vie. Franchement, j'aime mieux pas trop en parler, ça pourrait remuer des choses cosmiques. Ça pourrait jouer avec les astres et modifier le cours de l'histoire, genre que demain notre premier ministre Harper deviendrait charmant, le Canadien de Montréal gagnerait la Coupe Stanley (une affaire de hockey, chers Français) et Sarkozy annoncerait qu'il s'appellerait désormais "Nicolas Bruni".

Je vais vous parler de "symptômatisme parallélique". Ne cherchez pas sur Google. Je viens de l'inventer.

Ça se passe l'automne dernier. J'avais fait de l'exercice la veille, en fait de la musculation. Rien d'énormément exténuant, mais suffisamment intense, comme c'est souvent le cas, pour me donner les habituelles douleurs musculaires du lendemain. Les pectoraux en feu, je vous dis. Passons sur les détails. De toute manière, on n'a pas de photos. (Ma blonde risque de trouver ça déplacé, mais bon.)

Bref, j'annonce à ma blonde que j'ai mal. Il est 23h. Rituel habituel.

-J'ai mal.
-[...]
-J'ai mal aux pectoraux.

À ce moment précis, voyez-vous, je ne cherche pas d'empathie. (En gros, comme si souvent dans la vie, je lui livre une information, et elle fait ce qu'elle veut avec. Un peu comme lorsque je lui annonce que le gardien de but du Canadien va mal, ou que demain je vais pelleter la neige.) Or, elle dresse les oreilles... Voyez-vous, on a commencé les injections de progestérone la veille, et elle a mal. Les seins en feu, qu'elle me dit. Passons sur les détails. De toute manière, on n'a pas de photos.

-T'as mal aux pectoraux? Eh ben. Moi j'ai mal aux seins. Bizarre hein?

Quelques jours plus tard, j'ai mal au ventre. Le petit manège recommence. Il est 23h, blablabla, et je lui dis que j'ai mal au ventre.

-Ah oui? Tiens, moi aussi, j'ai des crampes!

Et c'est arrivé quelques fois comme ça. La vie nous joue des p'tites blagues pour voir si on porte attention. Des p'tits mystères et boule de gomme, juste pour rire. Ça vous arrive?

Au chapitre des mystères, on en vit plusieurs dans mon registre de statistiques Google Analytics, qui voit d'où vous arrivez lorsque vous atterrissez sur le site.

Une personne, dont j'ignore l'identité et que je ne suis pas certain de vouloir connaître, remarquez bien, est arrivé sur le site en ayant tapé ceci dans Google: "comment voir la bite d'un gars". Je ne blague pas. Elles sont partout, les bites, Ti-Coune, partout. Elles t'entourent et tu es encerclé(e). Il (ou elle, disons-le) s'était trompé(e), je pense: les stats montrent qu'il ou elle est resté(e) sur le site ZÉRO SECONDE. Un autre est arrivé en cherchant: "des pensées pour les gars qui mentent aux filles". Encore là, il n'est pas resté.

Le meilleur est probablement celui-ci: "que peut faire un enfant comme tâches ménagères?"

Ouein. Pour l'instant, nous, disons qu'on en est encore à l'étape "que peut faire un embryon comme tâches ménagères?"

mercredi 20 février 2008

De l'art d'éviter de faire pleurer les gens

Rebonjour...

Voilà, paraît que je fais brailler les gens, ce qui n'est évidemment pas le but du blogue puisque bien franchement, j'aime mieux raconter des niaiseries -- les miennes, de préférence, et croyez-moi elles sont légion -- et faire sourire. (Ma blonde craint que les lecteurs d'outremer ne saisiront pas le sens voulu de "brailler". Au Québec, ça veut simplement dire "pleurer". Compliqués, les blogues intercontinentaux!)

Le transfert d'embryons congelés, mardi matin, s'est très bien déroulé. Les deux embryons se portaient à merveille lorsqu'on les a ramenés à la température de la pièce. Cependant, on a failli mourir dans un taxi en se rendant à la Clinique. Le chauffeur a fait une manoeuvre un peu étrange pour atteindre le stationnement. Mais puisqu'on a survécu, faut-il en parler?

Test sanguin dans une semaine et demie, donc.

D'ailleurs, on a vécu un moment spécial dans la petite pièce d'attente. Spécial dans le sens de "on s'est rendu compte que ça fait longtemps".

En gros, ça ressemble à une chambre d'hôpital. Une fenêtre sur quelques arbres. Et des magazines, dont "Créons des familles", publié par l’Association canadienne de sensibilisation à l’infertilité (ACSI). Ne me demandez pas si l'ACSI fait de bonnes choses: honnêtement, je n'ai jamais entendu parler de cet organisme, ce qui équivaut, venant de la part d'un infertile, à un échec cuisant. Avez-vous déjà entendu parler du MégaClub Intergalactique de Tricot en Laine d'Acier, basé à Montréal? Même chose.

On prend le magazine et on le feuillette. C'est le genre de magazine, voyez-vous, où toutes les photos mettent en scène des gens très beaux (les cheveux, les abdos, des seins comme ça), mais infertiles et apparemment si proches d'un genre de geste suicidaire que la seule chose qui leur vient à l'esprit est de se mettre la tête entre les mains. Sans blague. Parfait pour nous, ça. Idéal pour nous remonter le moral!

-Tiens, regarde le magazine.
-Ah ben oui.
-Regarde... [ma blonde me pointe la manchette qui dit "Sexuality, sorrow and the infertile male".]
-Ouein...
-Attends. Me semble qu'on l'a déjà vu, ce numéro-là. C'est quand? [elle vérifie]. Ben oui, automne 2007.
-Ben oui, me semble que... on l'a déjà vu hein?
-Eh ben! Heille ça fait si longtemps qu'on vient ici qu'on connaît les vieux magazines...

À part de t'ça, comme on dit au Québec, ben, c'est la vie qui continue. On se croise les doigts mais il faut être réaliste.

D'ailleurs, à cet égard, ma blonde fouillait le web pour des statistiques sur les transferts d'embryons congelés. Il y en a, mais pas des tonnes.

Dans une des études sur lesquelles on est tombé, il y avait plusieurs catégorie, dont une qui ventilait les résultats pour femmes de plus de 42 ans. (On est début trentaine.) Dans une des catégories, le taux d'implantation d'un transfert avec un seul embryon, si je me souviens bien, était inférieur à 2 %. Je lui signale mon étonnement. Le chiffre m'apparaît bas.

-Wow, regarde cette catégorie-là.
-Ouein ben 1,7 %, tsé, c'est un peu comme les chances d'implantation quand on baise, nous autres.
-Hmm. En effet.

Sur une note plus légère, Google Analytics permet de constater certaines choses. L'une d'elles, c'est qu'un internaute a découvert mon blogue en tapant ceci dans Google: "des pensées pour les gars qui mentent aux filles".

Eh ben.

Mauvais schmilblick, mon homme. (Dans les commentaires, une des lectrices m'a appris l'existence du mot "schmilblick", que j'utilise aujourd'hui pour faire intelligent mais en sachant très bien que les Français risquent de rire de moi pendant trois mois.)

dimanche 17 février 2008

L'admiration

Et si on parlait douleur?

Vous savez, cette petite douleur intense ressentie au moment de constater que votre doigt laisse saigner ce mince filet rouge? Souvent, c'est 10, 25, 45 minutes plus tard. De toute évidence, quelque chose s'est passé pendant que vous refaisiez le monde au téléphone. Des gens très, très importants à l'autre bout du fil. Finance, politique... Et puis blablabla, oui oui oui, ceci cela... Tiens, excusez-moi, je me suis coupé sur un bout de papier... Ayoye... Non mais, quel métier dangereux je fais, hein! Ayoye, je saigne!! Non mais comprenez un peu, là!! Collègues!!! Quelqu'un, amenez-moi un PLASTER!!!!! (pour les Français, le Québécois que je suis vous offre cette traduction sans frais: un sparadrap)

Cette douleur, c'est rien. Du moins, rien lorsqu'on la compare avec ce que vit ma blonde depuis quelques jours.

Je vous fais un topo rapide. On a des embryons congelés depuis l'automne. Mardi matin, on en fait transférer deux. Le traitement préalable exige que la fille prenne des doses d'estrogène et de progestérone.

Estrogène=pilules. Progestérone=injections intramusculaires dans le fessier. Donc seringues plutôt longues.

Le problème, c'est que la maudite progestérone est dans une huile de sésame que ledit fessier (celui de ma blonde, très beau si je peux me permettre, mais sensible ces jours-ci. Bon, elle risque de ne pas aimer que je dise ça.) absorbe plutôt mal. En fait, l'huile semble se garer dans la fesse et fait la fête pendant quelques heures, sur place, sans bouger. En conséquence, la fesse gèle au complet, ça fait mal et ma blonde capote (le verbe capoter, au Québec, est extrêmement versatile et signifie notamment "perdre la tête").

Résultat final: elle ne dort pas. Or, comme bien des gens, ma blonde travaille. Elle a un boulot très chargé, qu'elle aime bien, mais pour fonctionner minimalement, comme vous et moi, n'est-ce pas, elle doit dormir.

Pour minimiser les effets, on a tout un rituel. Avant, on prépare le muscle avec une sorte de sac de fèves qu'on chauffe au micro-ondes. Après la piqûre, je masse pendant 10 minutes. Pendant ce temps, on jase de choses et d'autres. "Puis, au téléphone tantôt, c'était ton papa? Il va comment?" Après avoir cherché des solutions sur internet, à l'automne, on a lu que ça aidait beaucoup. Et puis oui, ça aide.

Mais bon. On vient de REcommencer les piqûres. Depuis quelques jours, ma blonde boite. C'est comme si ses fesses avaient oublié. Donc, extrait vécu hier ou avant-hier (les jours se suivent et dans ces situations-là, tout devient flou pour moi). Il est 6h du matin. Je me réveille pour une raison quelconque.

-Hmph, iiiich.
-[...]
-Hmph.
-Ça va tu?
-Je n'ai pas encore dormi.
-Hein??? Y'est 6h!
-Je l'sais. Mais ça fait trop mal.

Pas besoin d'un dessin. C'est son cul. Ça lui faisait si mal qu'elle ne dormait même pas. Les gars, je sais pas si vous êtes comme moi, mais quand elle a dit ça, mon coeur s'est déchiré. Elle ne dormait PAS! DU TOUT! Soudain, j'avais MAL, moi aussi. Comme à l'automne.

Comment être insensible à ça? Suis-je le seul gars à se sentir mal lorsque c'est la fille qui se tape tous, mais vraiment TOUS les traitements? Pourtant, c'est moi qui suis infertile, non?

Chères lectrices, vos hommes ne le disent peut-être pas, mais je parierais qu'ils apprécient tout ce que vous faites... Et subissez.

Il est tard. Je reviendrai un autre jour, sans faire pleurer les lecteurs, sur la notion de culpabilité.

Sur ce, souhaitez-nous bonne chance pour mardi matin!

jeudi 14 février 2008

De partout

Lorsqu'on dit que l'infertilité se vit partout, c'est au littéral: vous venez littéralement des quatre coins du monde pour lire mon site, lequel, soit dit en passant, est déjà en nomination pour le prix Spermo de l'Institut masculin de New York, catégorie "meilleure description d'un dépôt". (Ma blonde ne la trouve pas drôle. C'est à qui, le blogue?)

Blague à part, vous êtes de partout. Du Québec un peu, de France beaucoup, mais parfois des États-Unis, de la Suisse ou des Pays-Bas. Outre le cumul de statistiques élémentaires sur le taux de fréquentation, le site permet d'identifier la région d'où arrivent les lecteurs.

Tenez, depuis le tout début du blogue, les Français(es) vous êtes plusieurs de Lyon, vous et vos brasseries que je rêve de voir un jour. Vous êtes aussi de Paris, où ma blonde et moi retournerions deux fois par année pour le reste de nos jours si nous le pouvions, pour cuver un Saint-Émilion sur la Place des Vosges. De Provins, qu'on a visité il y a quelques années et trouvé ça charmant. De Vanves. Tiens, connaissais pas Vanves.

Cliquez sur la carte:

















Les Québécois(es), vous êtes de Montréal, d'Outremont (je sais, je sais, c'est pas une ville, mais bon), de St-Romuald, de Thetford Mines, de Greenfield Park, de Sainte-Foy. J'en oublie sûrement. D'Acadie aussi, Moncton!

Ce qui m'amène à la réflexion suivante: si l'infertilité est un problème si répandu, pourquoi est-il si difficile d'en parler?

Prenez, par exemple, tous ces amis que vous avez perdu en cours de route. Tous ces mois où vous essayiez de faire concorder la seconde précise de votre ovulation avec un certain travail, heu, disons, physique de votre homme, ben vos amis, eux, y faisaient des bébés. Plusieurs, plusieurs bébés. Juste comme ça, on arrête la pilule et hop la vie!, pouf ça pleure 9 mois plus tard. Sortez les cadeaux!

"On ne dort plus, c'est fou!", qu'y vous racontent. Et ça parle de caca. Et ça parle de pipi. Et ça parle de petits boutons. "A-t-il fait son rot?", qu'on entend entre deux discussions sur le dernier album de Chose Truc et la politique étrangère. Et là, vos soupers d'amis bien arrosés qui se terminaient avec un départ en taxi à 1h du matin, ben y se terminent à 14h parce que devinez quoi: vos soupers, c'est désormais des brunchs. Sans alcool. Parce que celles qui n'ont pas encore de bébé dans le monde extérieur en traînent un dans le ventre. Sauf ma blonde. Et vous, mademoiselle qui lisez ce blogue.

Alors ces amis, donc, avec leurs enfants. Parfois, l'éloignement commence avant même la naissance. En fait, à partir du jour où la fille vous annonce qu'elle est enceinte. À partir de ce jour-là, ben disons qu'il y a un malaise, non? Attachez-vous, le malaise en a encore pour PLUSIEURS MOIS à grossir, pour vous rappeler à chaque fois que vos p'tites baises les jambes en l'air pour bien que ça reste en place, ben ces baises-là, ça ne fonctionne pas, Monsieur l'Étalon.

Le malaise perdure jusqu'au jour où il disparaît, tout simplement parce que le couple d'amis, lui aussi, disparaît. Il est dans sa bulle, le couple. Remarquez, on le comprend. Qui ne serait pas complètement absorbé par l'arrivée d'un enfant?

La question, la vraie, est celle-ci: lesquels de ces amis décideront un jour de s'intéresser à votre souffrance? Ça nous est arrivé. Et c'est très, très touchant.

P.s.: chère lectrice aveuglée par les couleurs du site, j'espère que c'est mieux maintenant...

Mise à jour du lendemain: deux lectrices me rappellent que l'éloignement entre les procréateurs et les infertiles est souvent dû aux infertiles eux-mêmes. Vous avez entièrement raison. En vous lisant, je m'étonne de ne même pas avoir inclus ce point dans le post!

mardi 12 février 2008

La supervision

Vous arrive-t-il parfois de porter un jugement sur une personne qui, de toute évidence, est vraiment, mais vraiment NULLE dans son travail? Oui vous le faites. Moi aussi, et souvent ça se produit dans des situations où les conséquences sont plutôt banales: au club vidéo, avec un agent quelconque au téléphone, avec une autorité gouvernementale. Si on ne se plaignait pas d'autrui, avouons-le, on ne serait pas normal. C'est comme parler de la météo.

Donc, jugement. C'est arrivé ce matin. Et franchement, c'était un peu inquiétant.

Radio-réveil à 7h. Douche. Je prépare deux cappuccini rapides, pour emporter. La voiture est congelée. CONGELÉE. La pédale d'embrayage ne répond plus. Le volant est carré. Bref, belle matinée: à Montréal ce matin, il faisait -20 degrés Celsius. On se met en route pour l'échographie.

Une fois là-bas, tout se passe bien. L'endomètre est parfait. On nous donne la date du transfert. Re-parfait. Les embryons sont congelés, alors c'est pas compliqué.

Quelques pirouettes administratives plus tard, il nous vient à l'esprit de demander la feuille sur laquelle sont écrites les instructions pour le jour du transfert. Des trucs simples qui parlent, par exemple, de l'eau qu'il faut boire, de ce qu'il faut faire et ne pas faire après, etc. Est-ce qu'on l'a à la maison? Sais pas. Ça serait bien de l'avoir. On retourne au bureau des infirmières.

On tombe malheureusement sur celle qu'on appelle "la niaiseuse", si les lecteurs outremer me permettent cet écart de langue québécoise qu'ils comprendront très vite. Et là, ça se met à déraper.

Dialogue:
-Bonjour, est-il possible d'avoir la feuille d'instructions pour un transfert, svp?
-Heu... La feuille...? [avouez que ça commence mal]
-Pour un transfert, un transfert d'embryons congelés, en fait... Vous savez, la feuille d'instructions...?
-Pour votre Ovitrelle... pour déclencher l'ovulation?
-Non, pour le transfert.
-Ok, ben, peut-être ici... [elle ouvre un classeur qui ne contient ÉVIDEMMENT pas le genre de document qu'on veut]
-[...]
-Ok, heu, c'est pour un prélèvement d'ovules donc... [elle est vraiment bouchée, la madame]
-Non non, vous voyez, les embryons sont congelés... [On les a déjà, les ovules, niaiseuse. Si bien qu'on a réussi, par un miracle de la science moderne qu'on t'expliquera pas ici même si tu TRAVAILLES ICI, d'en prendre quelques-uns et de les fertiliser, crois-tu ça toé?]

À un certain moment, dans ces situations-là, on a une sorte de réalisation, de flashback. On s'émerveille de la quantité ahurissante d'information qu'on s'est mis à accumuler il y a un an, lorsqu'on s'est rendu à la Clinique pour notre premier rendez-vous.

Qui aurait pensé qu'on en serait rendu là, à savoir quoi demander à quel moment, à dire "Oups oups madame, il manque un truc ici...", "Oui, mais vont-ils nous rappeler", "À quelle heure au juste on prend ça? Elles ne nous l'ont pas dit..."

Vous savez ce qu'elle a fini par nous donner? La feuille pour la ponction.

dimanche 10 février 2008

L'intervention d'urgence

D'abord, un petit mot pour vous remercier -- vous savez qui vous êtes, je ne le ferai pas nom par nom, ça va finir comme aux Oscars/Césars et j'oublierai quelqu'un -- de passer par ici et de prendre le temps de lire mes niaiseries. Je l'apprécie énormément. Et ma blonde est super heureuse de voir tout ce beau monde sur le blogue.

Alors voici. Nous sommes le 10 février 2008, 22h48. Il a neigé un peu aujourd'hui, et honnêtement, l'hiver québécois commence à nous les casser un peu. Mais la neige, vous savez ce qu'elle fait? Elle porte à réfléchir.

Il y a un an, à peu près pareille date, nous sortions de notre premier rendez-vous à la Clinique d'infertilité pour une première analyse de la situation. Diagnostic: soldats paresseux, entre autres. Ça faisait plusieurs mois qu'on essayait, toujours sans résultat. En fait, aucun résultat sauf ceci: une certaine, comment dire, "mécanisation" de l'acte. Ne feignez pas la surprise, vous savez très bien ce dont il s'agit.

Pour bien comprendre, je vous livre un extrait de dialogue. Il est, disons, 23h27. Brosses-à-dents, douche rapide, heure du dodo. On travaille tôt le lendemain: voyez-vous on n'a pas d'enfant, alors on n'a pas de vie, alors en gros on s'enfonce la tête dans le boulot, un peu comme des autruches. Donc, extrait:

-Heu, chéri?
-Hmph...
-Je... Es-tu ben fatigué?
-[...]
-J'ovule.
-Ok.
-Donc y faudrait. Genre, maintenant.
-Encore? Attends, on l'a fait hier matin, donc 36 heures. Les spermatozoïdes vivent quoi, 24 à 48 heures?
-Ben, pas les tiens.
-Ouein.

Ou encore, la situation du matin. Il est 6h45. Radio-réveil qui crache des nouvelles. Ma blonde se lève. Revient au lit immédiatement.

-Heille [d'une petite voix douce].
-Hmph... [je dors]
-Y faudrait faire l'amour.
-Heeein?
-J'ovule.
-On peut pas faire ça ce soir?

Mesdames, les hommes ont beau passer pour des dérangés sexuels assoiffés d'action en tout temps, une chose est claire: une performance matinale au réveil n'entre pas nécessairement dans la catégorie "Grandes Baises de Rêve ". Ça ne paraît pas, mais certains d'entre nous aimons bien prendre un peu plus de temps. Et pourquoi pas, précéder tout ça d'un verre de vin... Mais à 6h45, avant l'autobus, les hordes de travailleurs, le boulot, le stress d'une grosse journée, disons que l'expérience est pas top sexo-romance.

C'est plutôt ce que j'appellerais une intervention d'urgence.

lundi 4 février 2008

La discipline

Disons-le sans trop faire dans les politesses : même lorsqu'on n'a pas encore d'enfant, on peut, au risque de choquer les gens qui en ont, avoir des "idées" sur des façons d'élever ledit enfant. Je sais, l'idée est farfelue. Complètement sautée, profondément troublante et probablement illégale dans certains pays.

Car tout le monde sait très bien que les gens infertiles sont, à la base, des gens qui ne savent pas vraiment comment s'y prendre. On est stressé, voyez-vous, et d'une certaine manière, on ne sait pas vivre. "Vous devriez prendre des vacances. Ma belle-soeur a essayé pendant trois siècles d'avoir un bébé. Lorsqu'elle a fait une croisière, pouf!, elle est tombée enceinte!" Ouein, tu veux savoir elle était où la croisière de ta belle-soeur, ti-coune? Dans la clinique d'infertilité à 10 minutes d'ici. Pas de goélands, mais tout aussi cher avec du café tout aussi dégueu.

Revenons à l'éducation. Pour certains dossiers -- appelons ça des dossiers, ça fait plus sérieux, après tout c'est très, très sérieux ce blogue --, ma blonde et moi avons des principes dont les modalités diffèrent un peu. L'exemple qui me vient à l'esprit: la télévision. Nous sommes les deux convaincus d'une chose: trop de télé = pas bien. Vous me dites: "Oui mais comment allez-vous transmettre ce joyeux principe à un enfant?" Vous posez vraiment d'excellentes questions, et je vous en félicite. Vous regardez sûrement des grandes entrevues quand ça passe.

Ma blonde croit dur comme fer qu'il faut limiter le plus strictement possible ce qu'elle appelle "le temps d'écran", qu'il s'agisse d'un ordinateur ou d'une télé. L'enfant doit d'abord faire ses devoirs. Ensuite, il a droit à un écran, mais seulement pour une période limitée, disons une heure. (Elle va lire ceci et pourrait me corriger sur le "disons une heure". C'est MON blogue, gna.)

Petit et adolescent, j'ai regardé des heures et des heures de télé. J'ai aussi fait du vélo, joué dans la forêt et passé des après-midi à lire des bandes dessinées. Qu'importe, j'adhère aussi au principe des devoirs avant l'écran.

Mais s'il y a limite, ou interdiction, n'y a-t-il pas le risque de créer une sorte de fruit interdit? Ou de frustrer l'enfant qui entend ses amis parler de telle ou telle émission d'hier soir sans même pouvoir en discuter lui aussi? Puisque la télé n'est pas que mauvaises téléséries, y a-t-il un risque de compromettre son processus d'identification sociale?

Je vous écris ceci et je vois, ailleurs sur le web, une quantité sidérante de théories et de conseils pour limiter le temps d'écran chez les enfants. Par exemple, on peut demander à l'enfant de prévoir à l'avance ce qu'il fera APRÈS la télé. Ou encore, une internaute écrit qu'elle a mis sur pied tout un système de coupons donnant droit, chacun, à une demi-heure de télé. Un autre site suggère une échelle de tâches ménagères dont la réalisation procure des "points", lesquels peuvent ensuite être appliqués à la télé, à l'ordinateur, etc.

Merci de passer du temps d'écran sur mon blogue.