jeudi 22 mai 2008

"J'ai l'air enceinte"

Oui, je sais. De longues semaines entre les entrées sur le blogue. J'ai honte. Très, très honnêtement. Si je pouvais écrire à tous les jours, je le ferais. Mais c'est impossible. Trop de choses dans la vie.

Dimanche après-midi, donc, dans un centre d'achat de l'ouest de Montréal. Boutique de maternité tout ce qu'il y a de plus "peuple". Une gérante ultra sympathique, des vêtements pas si mal, mais rien de chic. On essaie des jeans -- quand je dis on, c'est ma blonde, on s'entend là-dessus hein -- on essaie des jeans donc.

-C'est-tu beau?
-Pas pire. En fait c'est très bien.
-Ouein mais j'ai l'air enceinte.
-Heu, c'est ce que tu ES.
-Ouein. Ouein c'est vrai.
-(...)

Vous venez de comprendre, en trois lignes, la complexité du cerveau féminin. Bref, à la fois être féminin, svelte et avec les courbes à la bonne place, mais en même temps, pas nécessairement être trop... comment dire... grosse? On veut bien, mais la grossesse entraîne tout de même une certaine prise de poids dans la région du milieu. Me semble que c'est évident.

Ce qui m'amène à l'évidence prochaine. Celle de moi qui annonce, dans mon milieu de travail, la grossesse de ma blonde. Vous vous en doutiez peut-être. Je réserve ce passage de la vie pour la prochaine entrée sur le blogue. Je pense qu'il y a matière à, comme on dit en latin.

samedi 3 mai 2008

C'tu naturel?

La décision de recourir à une fécondation in vitro pour avoir un enfant -- ou des, c'est selon -- est mûrement réfléchie. Vous y avez pensé des mois durant, vous avez pesé les risques, vous avez décortiqué la mécanique jusque dans ses derniers retranchements subatomiques n'est-ce pas, vous savez comment ça va se passer, les traitements, les injections, les horaires, etc.

Alors voici, je vous annonce en GRANDE PRIMEUR MONDIALE -- vous l'avez lu ici en premier, ne l'oubliez jamais -- que ce n'est pas tout. Il y a la mécanique, mais il y a aussi l'interprétation. Celle des autres, j'entends. Extrait.

-On vous annonce qu'on, c'est à dire pas moi mais elle, hein, les hommes ça sera pour plus tard, hum hum... est enceinte!
-Oooh! Nooooooooooooooooooooooooon! Félicitations!!! C'est pour quand?
-Genre l'automne... Mais c'est pas tout.
-Hein?
-Y'en a deux.
-Wouaaaaaaa! Wow!!!!! Heille ça c'est l'fun! Ça va être d'la job hein ça!!! Wow! Heille super cool!

(Généralement, ici la conversation arrive à la croisée de deux chemins. Soit vous continuez à imaginer la charge de travail inhumaine que représentent deux nouveaux-nés arrivés dans la maison en simultané, soit l'interlocuteur passe à une prochaine question, beaucoup plus pertinente que toute forme de considération pop-philosophique sur l'art d'être un parent responsable, disons.)

-Des jumeaux... Hmm. C'tu naturel?

(Ça se corse. Ici, vous avez deux options. Le choix de réponse, préférablement, doit avoir été validé en couple au préalable.

1-Vous pouvez jouer cartes sur table, vous mettre à nu et dire qu'en effet, Ginette, c'est pas naturel. Vois-tu, Ginette, moi j'ai un problème. Je sais pas comment c'est arrivé, je sais pas quand, j'étais peut-être ti-cul pis je me suis baigné par hasard dans un marécage radioactif, mais j'en ai un et apparemment je peux rien y faire. Kesse tu veux, y'a des choses comme ça qui sont incontournables, qui vont au-delà de la raison. Alors on a fait ça dans un labo, on a fini par mettre dans ma blonde deux embryons, ma tite Ginette, pis les deux ont collé. Mais on n'est pas ici pour discuter philo, hein Ginette?

2-Vous faites comme si rien n'était. Oui, bien sûr que c'est naturel! Hé wô! Non mais tsé! Des jumeaux, on en a PLEIN DANS NOS FAMILLES, tous bords tous côtés!)

Les gens ont le droit de poser la question. Certains osent, d'autres le pensent tout bas. Mais au fond, que ce soit naturel ou pas, ça change quoi? Hein? Ça change quoi? Ce qui va sortir, c'est pas des robots, crisse, c'est des bébés.