jeudi 5 juin 2008

Le deux poids, deux mesures

C'est fait. Il y a quelques semaines déjà, j'ai annoncé à mes supérieurs et à mes collègues que ma blonde est enceinte. "Bravo bravo", "Félicitations...", "Des jumeaux? Oh pauvre toi!", etc.

Un des patrons haut-placé dont le travail est de "gérer" le personnel -- ce qu'il fait plutôt mal, mais que voulez-vous, on n'a pas tous le don d'interagir chaleureusement avec d'autres êtres humains -- ne m'a pas félicité IMMÉDIATEMENT, comme ce fut le cas avec les autres. Ça lui a pris cinq ou six secondes, après un silence que j'ai noté bien méticuleusement. Dans sa tête, j'ai vu tout de suite qu'il pensait au casse-tête que le congé allait créer pour lui.

Sachez que du coup, j'ai mis les cartes sur la table: voici, chers patrons, ce que la loi prévoit, et voici le congé que j'entends prendre. J'ignore comment ça se passe en France, mais au Québec, une loi adoptée en 2006 permet au couple de se partager un an de congé parental, comme bon lui semble. C'est génial. C'est le genre de chose qui donne aux gens de gauche l'impression que tout n'est pas perdu en ce bas monde de cash et de conneries. Alors je prends plusieurs, plusieurs, plusieurs mois.

Depuis quelques années au Québec, on vit une sorte de mini-mini-baby-boom. Rien de majeur, mais dans les milieux de travail, les congés de maternité se sont multipliés. Y compris le mien. Les filles partent pour un an, systématiquement. Les gars, deux ou trois mois. Et les patrons ne disent rien. Ils n'ont pas intérêt à sourciller; ils se feraient lyncher, tout simplement.

Mais étrangement, pendant quelques jours je me suis senti coupable. Personne n'est irremplaçable, mais quand même, un long congé de ma part va plonger mes collègues dans la merde. Jusqu'aux genoux, disons. C'est ce que je me disais. Jusqu'à ce que je revienne à la raison: si mes collègues féminines partent un an, pourquoi est-ce que je ne pourrais pas partir six mois?

Et je me suis trouvé tellement niaiseux de m'être senti coupable, vous n'avez pas idée.

5 commentaires:

Caro D a dit...

Mouais... Pas du tout comme ça chez nous, mais on n'a pas trop à se plaindre non plus. Ce qui n'empêche pas de se sentir un peu coupable quand on sait qu'on laisse les gens dans la m...
Enfin je suppose que ça passe vite quand on est à la maison avec des bébés d'amour ;-)))

icsi074 a dit...

En France, je trouve que c'est super mal foutu justement ! que le gouvernement ne fait rien ( ou pas grand chose), pour que les jeunes parents puissent s'occuper sereinement de leur progéniture, la premiere annee disons !
( on est "obligés" de retourner bosser très vite pour pleins de raisons et c'est super dur de trouver ensuite des modes de gardes car les creches sont pleines et les nounous sont hors de prix ! ! ! j'y suis pas encore mais je sais que c'est super galère !!!)
BREF, je trouve ça super bien qu'au Québec les choses soient comme ça, et que les patrons n'aient pas "leur mot à dire" !
Moi je bosse dans une entreprise terrible où ils CRAIGNENT depuis 3 ans que je tombe enceinte ! C'est une obsession chez eux ! une femme enceinte ça ne devrait pas exister !!!
Je peux te dire que le jour où c'est "bon" ils n'ont pas interet à faire des reflexions !
Parce que je sais aussi rentrer dans le lard ! :o)
Un an avec mes jumeaux... hummmm ! j'aimerais bien moi !!!
( je tombe enceinte, et je déménage au Québec ! loooool )
Bises !

Caro D a dit...

Icsi, au final, il ne faut pas croire que ça soit si facile au Québec, pas du tout... J'ai une amie de Chicoutimi qui n'arrive même pas à avoir un aménagement de ses horaires, alors qu'elle fait des journées de 10h, 6 jours par semaine... Chez nous, presque toutes les femmes ont 15 jours de congé patho, et la plupart prennent déjà des jours avant.
Pour ce qui est du congé mat proprement dit, mon amie québécoise aura un congé plus couort que le nôtre, parce que sinon, elle perdre sa place. D'ailleurs elle fait déjà les frais de sa grossesse : elle n'a pas eu la promotion qu'elle devait avoir...
EN bref, nos deux systèmes paraissent très bien dans l'idéal, c'est dans la mise en application que ça coince...
Et c'est dans le monde entier que ça pose "problème" les femmes enceintes, parce que c'est forcément plus compliqué à gérer qu'une femme pas enceinte, ou surtout qu'un homme...
Je note aussi qu'en France, il suffit d'aller chez le médecin pour avoir des arrêts de travail. C'est loin d'être aussi simple au Québec...

Histoiredungars a dit...

@ Caro_d

C'est vrai que certaines filles ont de la difficulté à prendre leur congé au complet en raison du casse-tête que ça créerait pour les collègues. Mais si le refus vient carrément du patron, j'aurais tendance à croire que c'est illégal. C'est vraiment dommage.

Mai on ne commencera pas à comparer le Québec et la France, svp! De toute façon, tout le monde sait qu'ici de toute manière on mange mieux, que le pain est meilleur et que nos vins de terroir déclassent n'importe quel Saint-Émilion Grand Cru. Ok peut-être pas. ;)

Caro D a dit...

Tu as bien raison ! Au final, on a quand même pas mal de chance, (enfin c'est mon point de vue) que ça soit en France ou au Québec.
Après, parfois, les situations individuelles font que ça ne se passe pas comme ça devrait. C'est illégal, on est d'accord là dessus.
Mais la pression.... Ca existe, et c'est quand même très largement répandu.