mardi 12 février 2008

La supervision

Vous arrive-t-il parfois de porter un jugement sur une personne qui, de toute évidence, est vraiment, mais vraiment NULLE dans son travail? Oui vous le faites. Moi aussi, et souvent ça se produit dans des situations où les conséquences sont plutôt banales: au club vidéo, avec un agent quelconque au téléphone, avec une autorité gouvernementale. Si on ne se plaignait pas d'autrui, avouons-le, on ne serait pas normal. C'est comme parler de la météo.

Donc, jugement. C'est arrivé ce matin. Et franchement, c'était un peu inquiétant.

Radio-réveil à 7h. Douche. Je prépare deux cappuccini rapides, pour emporter. La voiture est congelée. CONGELÉE. La pédale d'embrayage ne répond plus. Le volant est carré. Bref, belle matinée: à Montréal ce matin, il faisait -20 degrés Celsius. On se met en route pour l'échographie.

Une fois là-bas, tout se passe bien. L'endomètre est parfait. On nous donne la date du transfert. Re-parfait. Les embryons sont congelés, alors c'est pas compliqué.

Quelques pirouettes administratives plus tard, il nous vient à l'esprit de demander la feuille sur laquelle sont écrites les instructions pour le jour du transfert. Des trucs simples qui parlent, par exemple, de l'eau qu'il faut boire, de ce qu'il faut faire et ne pas faire après, etc. Est-ce qu'on l'a à la maison? Sais pas. Ça serait bien de l'avoir. On retourne au bureau des infirmières.

On tombe malheureusement sur celle qu'on appelle "la niaiseuse", si les lecteurs outremer me permettent cet écart de langue québécoise qu'ils comprendront très vite. Et là, ça se met à déraper.

Dialogue:
-Bonjour, est-il possible d'avoir la feuille d'instructions pour un transfert, svp?
-Heu... La feuille...? [avouez que ça commence mal]
-Pour un transfert, un transfert d'embryons congelés, en fait... Vous savez, la feuille d'instructions...?
-Pour votre Ovitrelle... pour déclencher l'ovulation?
-Non, pour le transfert.
-Ok, ben, peut-être ici... [elle ouvre un classeur qui ne contient ÉVIDEMMENT pas le genre de document qu'on veut]
-[...]
-Ok, heu, c'est pour un prélèvement d'ovules donc... [elle est vraiment bouchée, la madame]
-Non non, vous voyez, les embryons sont congelés... [On les a déjà, les ovules, niaiseuse. Si bien qu'on a réussi, par un miracle de la science moderne qu'on t'expliquera pas ici même si tu TRAVAILLES ICI, d'en prendre quelques-uns et de les fertiliser, crois-tu ça toé?]

À un certain moment, dans ces situations-là, on a une sorte de réalisation, de flashback. On s'émerveille de la quantité ahurissante d'information qu'on s'est mis à accumuler il y a un an, lorsqu'on s'est rendu à la Clinique pour notre premier rendez-vous.

Qui aurait pensé qu'on en serait rendu là, à savoir quoi demander à quel moment, à dire "Oups oups madame, il manque un truc ici...", "Oui, mais vont-ils nous rappeler", "À quelle heure au juste on prend ça? Elles ne nous l'ont pas dit..."

Vous savez ce qu'elle a fini par nous donner? La feuille pour la ponction.

2 commentaires:

Frimousse a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Frimousse a dit...

Ho la gourde mdrrr, je comprends qu'on puisse se moquer c'est dans nos gènes, tu sais que même les médecins au centre se moquent des patients parfois ça me fait délirer lol